Voir aussi l’autre Compte rendu de notre président Titi « Mada première »

Un cran de plus. Depuis quelques temps, chaque nouvelle sortie nous apporte un nouveau défi. Coups de pied partout, rapidité du jeu, montée en ligne, amélioration de la défense, abnégation : il y a déjà quelques matches que nos
adversaires nous obligent à trouver de la ressource pour faire jeu égal.
Et ça ne s’est pas démenti ce samedi, à Fontenay en Parisis, charmante bourgade en plein essor aux installations sportives tendance « simples mais pas
inhospitalières » jouxtant un pré comme on aimerait en croiser à chaque match :
terre humide comme il faut et tapis vert pour pas se faire mal en tombant. Sage précaution, d’ailleurs.
Car nos adversaires, pour gentils qu’ils soient lors de l’accueil, ne sont pas des tendres.

Alors que nous nous échauffons comme à l’habitude, ils sont déjà, tout de noirs vêtus, en train de travailler de grandes envolées à petit rythme.
Globalement, on a vu plus impressionnant question gabarit, mais on sent qu’il y a des cannes, de l’envie et de la cohésion. « Je vous préviens, glapit StefJack limite livide
à l’orée du match, ces gars-là ils nous font du rugby des iles. C’est du jeu de mouvement, et la seule solution pour les arrêter c’est de les faire tomber d’entrée de jeu ». Analyse qui se révélera… pertinente, tout de suite.
Mais nous n’en sommes pas là.

Alors que l’arbitre, venu jusque là avec un sac à pois roses assez provocant, vous l’aurez reconnu, convoque les deux capitaines au centre du terrain, les Mada lascars sont regroupés en cercle dans leurs 22 mètres et entonnent une
mélopée qui monte crescendo jusqu’à ce que nous parviennent aux oreilles des intonations inconnues dont l’unisson pousse quelques Petits Pères à s’agripper par le maillot histoire de faire corps face à ce premier assaut inattendu.
Nous répliquons par un « Hakaka » que nous essayons de faire résonner à la façon d’un chant guerrier, bien qu’il soit un peu tard pour transformer in extremis notre «
depuis l’âge de cinq ans » en « nous labourerons les terres de vos ancêtres avec les dents de vos chevaux ».
Nous perdons le toss, et gagnons l’engagement.

Instantanément, le match est lancé : les gars sont coriaces, véloces, appliqués, déterminés, partout… Soit
ils attaquent et nous avons le plus grand mal à les arrêter (quatre changements de pieds, deux coups de reins et trois feintes de passe pour un seul homme dans une même action, quand c’est bien fait, ça vous désoriente une défense… Et c’est bien fait !).
Alors on se remet à pied d’œuvre. Nous avançons péniblement chez eux, mais les lignes arrières ont bien du mal car les adversaires possèdent et maitrisent une arme redoutable : le plaquage! Pas moyen de faire une relance, de lancer un Ben ou un Tramber : la punition est la même pour tout le monde.

Agrippé aux chevilles, on se retrouve sur le gazon, quand on n’est pas littéralement soulevé de terre sans ménagement et retourné comme une crêpe. Et c’est là qu’on est monté d’un cran sur ce match : jamais encore cette année on
ne nous a interdit comme ça l’accès au deuxième rideau. Bien content quand on reste sur ses jambes plus de cinq mètres ! Petit à petit, les malgaches reviennent chez nous grâce à leurs lignes arrières. Petit coup de pied dans nos
22, un rebond un peu traître, et au moment où votre serviteur croit attraper le ballon, une fusée noire jaillit derrière lui, lui enlève le ballon des mains et
va aplatir dans l’en-but – épisode que l’arrière que je suis ne raconte pas sans amertume, c’est pourquoi je vous le livre en guise de séance psychanalytique de
groupe.

A leur habitude, les PP repartent de l’avant. Les gros pilonnent, et ça passe pas mal. Il ne faut pas longtemps pour que Mugne déchire à grand peine le rideau noir et égalise.
A ce moment-là, perso, je me sens mieux. Le combat reprend. L’adversaire est massif, et chaque impact fatigue, quand il
ne fait pas mal.
Sur le même rythme, les Malgaches en profitent pour nos coller un essai d’arrière (trois joueurs libres en bout de ligne et le centre qui passe à
l’ailier sur la ligne d’en but pour faire jouer tout le monde!) auquel nous répliquons.
Mais ils ont envie de jouer, et c’est encore d’une envolée que naitra le troisième essai malgache.
3 à 2 à la mi-temps.

A ce moment, je ne donne personnellement pas cher de la peau des Petits Pères.
Le début de seconde mi-temps redonne espoirs aux spectateurs dont je suis maintenant. Les PP se retrouvent devant. Ca enchaine bien, ça avance, et nous campons dans le camp adverse.
Jusqu’à ce qu’un ballon tombé donne l’occasion à l’un des centres adverses de relancer pour un essai de 70 mètres où le ballon passe de main en main.
Non pas que les PP ne plaquent pas, mais le soutien malgache est permanent. Où que le porteur du ballon se tourne, il a une solution. Dame, donc, et 4-2.

Abattus ? Peut-être un peu, mais personne ne le dit. On a trop compris qu’il fallait se battre jusqu’au bout pour ne pas se faire humilier.
On y retourne, tête basse peut-être, mais déterminés. Et on reprend là où on en était resté :
il semble que le pack PP prenne largement l’ascendant sur celui de l’adversaire.
Alors pour une fois on s’en tient à ce qu’on a dit : on joue devant. C’est sur des progressions énormes de nos avants que nous ferons la différence. Pilonnage, on part au ras, on fixe, on passe au sol et on recommence.

Du coup, on confisque aux Malgaches pas mal de ballons de relance, et on se remet dans le sens de la marche.
Essai d’avants : 4-3. Et on y retourne. De point de fixation en point de fixation on se rapproche de nouveau de leur ligne. Sortie de mêlée ouverte pour Titi placé ‘stratégiquement’ là avec Tramb derrière, s’empare du ballon et poussé au cul par le reste du pack, se retrouve porté derrière la ligne.

Quatre partout. Depuis un moment, le ton s’est durci. Greg a du mal à se faire entendre, et envoie à dix mètres aussi bien les Petits Pères que les Malgaches qui se mettent à parler.
Sous son autorité, les uns comme les autres s’autodisciplinent et les algarades en restent au stade d’algarade.

C’est dans ce climat qui chauffe que nous atteignons la fin du match, une fin de match où tout le monde se met à applaudir spontanément parce que tiens, qu’est-ce qu’on est content d’avoir joué, parce que oui, au cours de ce match
tout le monde a eu sa part de jeu, devant comme derrière, Petits Pères comme Malgaches, ce que nous célébrons par deux haies d’honneur tout à fait spontanées elles aussi.

Grands sourires et chansons pour la troisième mi-temps
qui aura lieu au club-house du stade, où nous convoquons le pauvre aveugle avant de rythmer un joli chant malgache.
Et de s’en repartir, tout contents de cette nouvelle rencontre.