Stade Jean Bouin coup d’envoi à 18h ce vendredi 23 mai 2025.
Avec tous ces matchs annulés par-ci et décalés par là, on avait autant soif de jeu que de feu dans les guibolles.Un peu d’eau de feu derrière la cravate nous aurait fait du bien mais face aux gardiens de la république, y a prohibition. Par contre, grâce à eux, on jouera enfin au rugby et dans l’antre du Stade Français, à Jean Bouin.
Les Gardes on les connaît. Ils cavalent avec noszigues depuis que leur terrain se refait la cerise. Ils viennent presque toujours à trois ou quatre pas toujours les mêmes, ils sont rugueux et loyaux. Ça nous va bien.
Bref, on débarque chez Jean Bouin un poil avant l’heure du thé.
Jean était Marseillais et claquât le 800m en 2minutes le 21 juin 1914 à Colombes. Il sera fauché par une balle dans la Meuse et l’abdomen le 29 septembre 1914, à 26 piges…La vie est courte alors on est plutôt pressés de jouer.
C’est grand bleu devant le stade,champignon en béton, qui nous fait de l’ombre. Le gardien qui nous ouvre le stade est en costard. On rentre comme à la messe.
Alice aurait crié merveille: tout est grand, nickel et tout rose. On va tâter le synthé du bout des grolles, après s’être essuyé les lattes. Le terrain à l’air infini et on à l’air de mioches qui n’en croient pas leurs feuilles tellement y a d’échos. On descend au vestiaire.
Le taulier a fait le voyage en Guzzi.
Le S.F. c’est tout un bout de sa vie. Il y a joué pilier quand vos darons jouaient pas encore au docteur. Nono Bernard calcule l’ambiance, il zieute, il hume et ça lui ouvre la boîte à souvenir. Il sourit, assis comme un pacha dans ces immenses tribunes vide, en attendant que ça commence.
17h30 l’échauffement s’ébroue. Achille me refile son portable «au cas où» et je pige qu’il est en téléturbin. On vie une de ces époques…
17h55 tous les joueurs descendent puis remontent les marches qui donnent sur le terrain avec une musique de gladiateur au cul. On dirait des vrais.
18h pétante droit dans les shorts, ça y est c’est parti sous un cagnard du bagne.
Bonne entame de match : Ça fait 5minutes qu’on joue, une pénal-touche et un maul plus tard, Rémi filou file à dame ! 5 à 0
Un quart d’heure plus loin, après un enchaînement de pénalités dans nos 22, un Garde se faufile dans nos barbelés : 5 à 5.
S’en suit plusieurs temps de jeu et La moche rajoute son grain de sel : 10 à 5.
Et comme c’est trop salé, c’est l’heure du water-break.
10 minutes après, Rémi et Samy-Régis s’entendent comme larrons en foire dans un subtil inversement de jeu. C’est le pitchoune béarnais qui marque : 15 à 5
Mais à trois minutes de la mi-temps, la Garde qui ne se rend pas, nous fait le coup du retour dans le fermé sur une touche, tout près de la ligne à bonheur…15 à 10.
Réponse du berger à la bergère, feu d’artifice de passe fidjiennes et essai mais on n’est pas le 14 juillet et l’arbitre à vu un en-avant.
C’est la mi-temps. On sent que c’est jouable mais aussi qu’à Garde vaillant rien d’impossible.
Le début est rugueux. On monte fissa un coffrage en béton dans notre en but pour éviter un essai. Ça plaque, ça bataille, ça ferraille ça chauffe, ça brûle et un feu follet joue avec nous comme au flipper et finit par rebondir derrière la ligne : 15 à 15
Après on joue bien, c’est beau, on se la raconte : Relances élégantes, deux contre un d’école de l’art, départ de mêlée soigné et une cocotte patron siouplait ! Mais aussi autant d’en avants que d’essais qui nous filent entre les pognes…deux ou trois, c’est sûr, qui me font juronner.
Reste pas longtemps à jouer et les câbles se pètent. Dans leurs 22, Paul Sud gaulé comme une crevette veut jouer au rhino féroce. La pauvre bête est refoulé par la patrouille de France en deux coup les gros et à deux reprises.
Tout ça donne des idées à Achille qui est une plus grosse crevette et finit en terre promise mais coffré sur le dos. La grosse crevette est sûr d’avoir aplati, bien sûr. J’ai failli balancer son portable dans les tribunes.
Bon c’est pas le tout mais la fin des haricots approche.
Reste deux minutes, mêlée républicaine plein centre sur notre ligne des 10m. Comme à la téloche, le Garde N°10 tape au pied pour son ailier qui marque. Quoi dire et quoi faire ? Ce match de ping-pong commence à me mettre les nerfs en pelote basque : 15 à 20.
Alors, face à l’ordre établi, on a sortie l’artillerie lourde des coffres de bagnoles et c’est la mafia qui est venue per aiutare et remettre tout à plat. Gio le plus tanké de nos ritals qui mange sa douzaine de crevettes chaque matin, nous sauve de la défaite en nous rappelant que l’égalité, c’est pas mal : 20 à 20.
Un bien joli match qui bien que nul, à foutu la banane à tout le monde.