Argenteuil, samedi 7 juin.

On le connaît bien, le stade d’Argenteuil, on y est allé une paire de fois. Et rarement avec succès. C’est même là que nos fiers shorts verts et chaussettes blanches ont connu leur première défaite. Et comme Scala était là au match aller et qu’il en est à 3 défaites en 3 matchs avec les PPetits PPères cette saison et qu’il est encore là aujourd’hui, sans être superstitieux, va falloir s’y filer pour vaincre. Il est un peu chat noir, Scala, mais il est sympa. Il a pris sa voiture et convoie des gars jusqu’aux stades. Oui, jusqu’aux stades, au pluriel, parce qu’il s’est gouré d’adresse … on finit par arriver, mais moi, ça m’embête un peu, j’aime bien prendre mon temps dans le vestiaire pour m’habiller. C’est mon côté vieux con, faut pas me changer mes petites habitudes, après, je ronchonne. N’est-ce pas, Charles ?

J’arrive le dernier à l’échauffement, pas grave, ça, je suis habitué. Et puis nous, les cheveux blancs, on n‘en a pas besoin de ça, on connaît notre corps par cœur. Alors arrive le toss. Comme d’habitude, je choisis la main gauche de l’arbitre … et comme d’habitude, je perds. On a quand même le coup d’envoi, et ça, c’est cool.

C’est parti. Et c’est parti fort. Dès les premiers impacts et plaquages, on sent bien dans tout son corps que le Tempête n’est pas là pour être ici. On recule sur les impacts et il faut limiter le temps des rucks au maximum, parce qu’ils sont là au grattage. On arrive quand même à les priver de ballon grâce à une touche en verve et à une animation offensive galopante. Il faut bien ça, parce que quand on leur laisse la gonfle, faut s’y filer en défense pour rien encaisser. Rien de génialement créatif de leur part, une leçon un peu trop bien récitée, ça rentre droit dedans, c’est solide et ça court. A l’image de leur Moustache à eux. Gros plaqueur et organisateur, le gars, va falloir le garder à l’œil. Ça ne s’échappe pas au plaquage, donc, alors ça tient. Mais ça use, et on fait des fautes, alors on perd des mètres et on prend le premier essai. Je ne sais plus comment, je dois déjà me souvenir de nos essais, alors ceux des autres …  C’est chiant, ça, on avait plutôt fait une bonne entame. Mais ça ne nous coupe pas les jambes. Alors Samy-Régis Jr égalise, en coin, dans son style chaloupé inimitable, à la conclusion d’une première main d’école. Toute la mi-temps va être comme ça, en fait, emballante. Mais quelques attentismes et fautes de goût se paient cash. L’adversaire reprend l’avantage en bout de ligne, je crois. C’est re-chiant, ça. Mais on est bien dans notre match, je vous dis. La preuve ? Sur une sortie classique en mêlée, les trois-quarts combinent un truc, PaulSud perce plein centre, est repris à 10 mètres de l’en-but mais a le temps de servir Auguste arrivé à l’intérieur, en urgence, pour le soutenir et aplatir.

2-2 à la pause, alors ? Bin non, parce qu’on en a repris un dans la foulée, sur une succession de percussions qui aboutissent à une pénalité à 5 mètres jouée à la main qui nous transperce en un temps de jeu. Re-re-chiant. Pas le temps de riposter. Mi-temps.

Pas de grands discours pendant qu’on mange les oranges. C’est bien, ce qu’on fait, les gars. Devant, on est plus légers mais plus mobiles. Alors si on fait le job sans fioritures (moisson en touche, abrègement (abrégeage ?) des regroupements en attaque, non-échappage (échappement ?) en défense et des gros après le 10 parce qu’en face ils nous attendent au ras), on va pouvoir mettre sur orbite nos gazelles, bien plus mobiles elles aussi, et inspirées. Et comme Toto et PaulNord vont penser à inverser le sens du jeu, ça va passer, c’est sûr. C’est super simple, en fait, le rugby.

Et vous savez ce qui a été géniaux pendant la première moitié de la seconde mi-temps ? C’est qu’on a fait ce qu’on s’est dit à la pause. Et que ça à super bien fonctionner de ouf.

Acte 1 : grosse séquence défensive, ballon récupéré dans nos 22 mètres après plusieurs temps de jeu. Achille qui contre-attaque, remonte le terrain sur 30 mètres et sert PaulSud. Une longue course et 2 raffuts plus tard, bing, il s’effondre en terre promise et on lui pardonne d’avoir salement abîmé son maillot. Qui n’est pas le sien, d’ailleurs, il est à personne, le maillot, il est à tous.

Acte 2 : sur le coup d’envoi, pas le temps de multiplier les temps de jeu, le ballon passe de mains en mains dans le bon timing et Achille finit le boulot comme il aime, le long de la ligne de touche, beaucoup trop vite et sur beaucoup trop de mètres pour que j’ai le temps de les compter, surtout que je suis hyper beaucoup trop loin.

Acte 3 : c’est Pol qui apporte son essai à l’édifice, quasiment entre les poteaux, peu de temps après que les Tempêtes n’aient toujours pas compris qu’il ne fallait pas visé Auguste sur les renvois. Parce qu’il assure ses réceptions et parce qu’il est malin : quand il s’agit de la donner à un gros lancé, il choisit de la donner à Lucas, ça fait gagner des mètres. Désolé Pol, j’ai pas vu l’action, j’avais le nez et les yeux dans la PPelouse.

Acte 4 : encore une belle séquence défensive, un ballon dégueulé par l’adversaire dans un regroupement dans son camp et récupéré au sol par un gars qui se jette dessus au lieu de mettre un affreux coup de pied dedans, un aller-retour sur la largeur du terrain, et N’Alex, qui est comme chez lui dans un couloir des 5 mètres qu’il connaît mieux que personne, est là pour bonifier un, encore, joli mouvement des trois-quarts. Cette fois, j’ai bien eu le temps de compter tous les mètres parcourus. Balle en main, il en a fait 3.

Magique, je vous dis. Bon, je résume. Il reste 20 minutes à jouer et on mène 6 à 3, et honnêtement, il ne peut rien nous arriver. Les Tempêtes ont quinze genoux à terre. Et la tête aussi, et à l’envers, même. Parce que les genoux, c’est où, les genoux ? … Une fin de match maîtrisée, donc, qu’on a su se rendre facile. Lucas y va de son essai. Si vous voulez savoir comment, demandez-lui directement, j’ai rien compris à l’action et j’étais en train de pester contre le moche coup de pied à ne pas suivre de PaulSud. Les 10 dernières minutes, on va les passer à vendre chèrement notre peau à 5 mètres de notre ligne, comme si le sort du match en dépendait. Côté pile : trop de fautes. Côté face : on n’attend pas bêtement sur la ligne les pénalités jouées à la main. On monte, on subit pas l’impact et on fait reculer les gars. On finit par céder malgré tout. C’est re-re-re-chiant, mais on se console vite avec la fin du match sifflée dans la foulée.

Voilà. Victoire !! Avec la manière. 7 essais à 4.

Che est ravi. Pour sa dernière ici, il repart avec un succès qui lui échappait depuis si longtemps.

Scala est ravi. Il a enfin gagné un match cette année avec ses coPPains.

Tout le monde est ravi, en fait. Même Toto, qui ne marque toujours pas, même quand on en met 7. Je crois qu’il le fait exprès, ou alors c’est la peur du vide …

Merci à tous, un vrai bonheur de jouer ces matchs-là.

A bientôt sur le pré.

PPanda

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