Le presque premier essai de Toto
C’était un dimanche pas comme les autres où les petits pères allaient remettre en jeu leur titre de la godasse d’or si fièrement acquis la saison précédente au prix de nombreux blessés et pots de vins aux différent arbitres. Faute de budget cette année pour les pots de vin, c’est avec un esprit de corps exceptionnel que les 20 petits pères convergèrent vers Gif-sur-Yvette retrouver les rockstars et.. ? Les Japonais ? Il est 8h du matin, on est mous sa race et c’est parti pour la bagarre.
Je rejoins Eliott et Panda à Maraîchers, je me chope un sandwich car sinon je vais crever, j’ai dormis 4 heures après le mariage d’un de mes plus proche collaborateurs de toujours, j’ai nommé Jimmy Top, bravo ! Guillemette, longue vie ! Panda tient le trophée dans les mains, il est beau, brillant, doré, marqué par des années de lutte acharnée, le trophée, pas Panda, Panda lui a une chemise africaine marron et la décontraction faciale habituelle du pilar qui s’apprête à distribuer des tartes sur le rectangle vert. Nous nous mettons en route vers porte de Charenton pour toper Pierre, un nouveau venant des Rugby Q et qui a des putains de cannes, on dirait Usain Bolt quand il court, ses genoux dépassent le niveau de son nombril, moi quand je cours jme prends juste les pieds dans ma bite, en même temps c’est chiant elle traîne par terre.. Nous roulons vers Gif quand Eliot et sa tête dans le boule assez comparable à la mienne nous offre un ptit aller retour entre deux portes sur le périph nous mettant ainsi « en retard » pour les vestiaires.
En arrivant, on voit qu’on est pas les seuls puisque y a pas grand monde. On sent qu’on est tous bien relax dans ce vestiaire, on dirait pas qu’on s’apprête à devenir champion du monde. Ça décale sur le terrain, étant tous en retard, on commencera pas alors on se pose sur le côté et on mate. Il y aura deux matchs de 40 minutes par équipe. Les rockstars commencent contre les Japonais, continueront avec nous et on terminera avec les Japonais. Il est 9h30 Samy Régis arrive la clope au bec en s’excusant mais c’était chose inutile, comment en vouloir à un homme qui arrive – peut être un peu en retard – mais avec une grosse terrine de campagne dans les mains ?
A la mi temps, Ché lance l’échauffement, sensiblement pour la dernière fois et je me demande alors qui à l’avenir saura nous driver de la sorte, nos rangs sont renforcés par deux camarades de la garde républicaine extrêmement cool et compétents, ainsi que par ce bon Nathan, venu à domicile foutre deux trois mandales. Après quelques touches tout à fait probante, c’est le coup d’envoi de notre premier match. Les rockstar nous rentre dedans comme d’habitude, ça envoie pas mal. L’arbitre, excellent au demeurant, n’a de cesse de répéter « le conteste est bon mais… » j’entends jamais la suite puisque je ne retiens que l’essentiel bien sûr. Mais le gars est sévère, beaucoup de pénalités et dès que quelqu’un l’ouvre il rallonge de 10 mètres. Et justement nos amis des rockstar l’ouvrent pas mal… les déconcentrant et déstructurant leur ligne si bien que nous arriverons à la percer à 5 reprises. Eux planteront 3 beaux essais dont un d’un gros qui m’a humilié, j’ai même pas réussi à freiner d’un kilomètre heure le mec..
On enchaîne avec les Japonais. On les a joué l’an dernier, une équipe qui n’a pas beaucoup de rugby mais qui a de la combativité, de la détermination et de la vaillance à revendre. Au break Boubouche nous a bien dit qu’on était mous et j’avoue on est tous un peu mous mais en même temps, dimanche… levé 7h30, tu t’attends à quoi toi ? Malgré notre mollesse les essais pleuvent. 7 en 40 minutes contre 0 en face. Je dis bien 7 et non 6 alors que le score officiel est de 6-0 mais alors pourquoi ?
Connaissez-vous l’histoire de Toto Zéro ? Toto, c’est le partage, c’est l’amour et la rigolade. Toto, c’est l’un des piliers de cette équipe de soiffard capable de jouer tantôt 9 tantôt 2eme ligne, parfois 3eme, un joueur polyvalent et précieux qui base son jeu sur le collectif et le don de soi. Et puis Toto, c’est genre 20 ans de rugby et PAS 1 essai en match. Alors Toto, ce jour là, se baladait sur le terrain avec comme d’habitude, l’envie de faire vivre le ballon avec altruisme et intelligence sauf que le destin en décida autrement. Un ruck se forme, il est pas loin, sur l’aile droite, le ballon sort, 3 passes pour que la balle arrive entre ses mains. Devant lui, une destinée de gloire, un seul joueur a passer. Il s’élance, enjambe le défenseur adverse qui est déjà au sol après avoir rater son placage, Toto continue sa course sans même vérifier ses côtés, il court, adopte une sublime trajectoire en courbe de l’extérieur vers l’intérieur du terrain venant aplatir le ballon entre les poteaux après un plongeons digne des plus grands moment du rugby intergalactique. Ce plongeon je l’ai vécu au ralenti, il s’est arrêté dans les airs – Toto volant – puis le ballon s’applatit sur l’herbe se plantant telle une météorite dans le sol, brûlant le gazon dans un rayon de 67 mètres, l’onde de choc se transmit à tout le terrain et c’est alors l’intégralité des joueurs qui applaudirent. On peut entendre Eliot crier depuis le banc de touche « Toto je t’aime ! », un grand moment. Un grand moment sauf que… C’était sans compter sur les bonnes blagues, je crois que c’est Rémi qui lança un ptit « Oh, en avant dans l’embut non? » que l’arbitre, bien plus proche de Rémi que de la zone de l’essai prit au mot avant d’annuler l’essai. C’est fantastique et hilarant. On laissera à chacun son appréciation et le soin de se faire son opinion mais en ce qui me concerne, le score de ce match est de 7-0 après un essai fantastique d’une star éternelle des petits pères qui en plus m’a filé gratos une roue arrière de vélo de maboul une fois !
Fin des matchs et si t’as bien suivi on a fait le taff. Vestiaire-barbeuc. Les rockstars comme à leur habitude nous reçoive magnifiquement bien. Les Japonais ont ramenés des plats de nouilles sautés au légumes et des gyozas maison, nous de la terrine, du pâté et du pif quand aux rockstars, ils s’occupent de la bière et des saucisses. J’ai laissé un genoux dans le premier match mais le réconfort de la bouffe est plus fort. Comme toujours, bien sûr l’ambiance est excellente et nous avons remis nos chemises moches pour ce qui commence à devenir une tradition de troisième mi-temps. Ce coup-ci c’est clairement la moche qui gagne avec une sorte de torchon blanc maculé de tâches aux couleurs primaires faites à la gouache, chemise beaucoup trop courte, faisant sur lui un effet crop top à faire pâlir la Britney des heures les plus dérangeantes.
A l’heure de la remise du prix, que Toto attendait avec impatience car la rumeur de confier le trophée pendant 1 an à l’homme du match tournait déjà et qui d’autre que Toto pouvait se faire élire à ce spot aujourd’hui ? Le Président des rockstar fît un discours étonnant. En gros, et c’est vraiment pas con, en invoquant des calculs bidons basés sur la moyenne d’âge des joueurs (un des jap avait 60 ans passé!) les mecs se sont arrangés pour qu’on ne reparte pas une deuxième année consécutive avec le trophée le laissant ainsi aux Japonais ! Quelle bonne idée, Toto a été vénère 3 secondes quand même « ouais tu gagnes 2 matchs et t’as pas d’trophée, faut qu’on m’explique » mais c’est ça qui est beau dans ce sport et pour citer Urios qui tient ce propos dans le top 14 de 2023.. « l’important c’est l’esprit, c’est le beau jeu, c’est sûr gagner les matchs c’est mieux, mais c’est pas l’important… » avant de continuer certainement avec un monologue sur le vin bordelais et les saucisses ou simplement sur un « Tu veux que je te dise ? Je vais te dire, aujourd’hui j’ai les boules, demain j’aurais encore les boules, et après après demain, j’aurais encore les boules… » tout comme Toto finalement…
J’aimerais, avant de terminer ce compte rendu, relater ici quelques faits qui me paraisse pertinents.
Ché fini cette saison sans blessures prenant ainsi sa retraite sereinement, la tête pleine de souvenirs de ses quoi ? 25 ans de petits pères. 25 ans c’est plus de 300 matchs en moyenne basse et une arrivée pour le nouveau millénaire en 2000 comme la prophétie Maya le laissait entendre à l’époque. Je suis sûr qu’il nous manquera à tous sur le terrain, cette voix venant du 15 qui souvent nous rappelle à l’ordre nous empêchant ainsi de faire de la merde était essentielle, sans parler de ses puissantes relances et de son jeu au pied précis auquel on doit beaucoup de belles avancées. Heureusement, ce n’est qu’un au revoir sportif puisque je ne me fait pas trop de soucis quand à la fréquentation du bar..
Ensuite j’aimerais placer une mention honorable à notre cher Boubou qui nous enterrera tous et que j’ai eu le plaisir de croiser un moment sur le dernier match le sourire jusqu’au oreilles alors qu’en arrière plan gisaient sur le sol deux jap qu’il venait de défoncer tour à tour. Ça m’a rappelé Obélix et je me suis alors dit, soit ce mec est vraiment très chill, soit c’est un pur psychopathe. J’opte pour la première intuition.
Enfin, pour terminer je souhaiterais citer Charles, qui entre deux lampées de bière m’a lâché un petit « La salade c’est bon mais la saucisse c’est quand même mieux. » Résumant ainsi parfaitement l’esprit sain, déconstruit et sportif de notre groupe. Merci à toi Charles pour ce bel esprit de synthèse.
Bravo à tous vous êtes les meilleurs.