Vendredi soir, c’était l’éclosion du cru 2007 de l’épopéee rugbystique des Petits Pères. En guise d’avant-bouche donc, un morceau de choix avec l’équipe des Vieilles Branches de Courbevoie, nouvelle venue dans la liste de nos fiers adversaires.

Après une journée stérile pour la productivité des entreprises françaises mais riche de plus d’une cinquantaine de mails entre co-voiturage, discussions artistiques sur le calendrier des féminines de Castres qui chient derrière les rochers et espionnage de l’adversaire du jour via des résultats et des comptes-rendus, nous étions remontés comme des coucous épileptiques avant de croiser le cuir contre ces Vieilles Branches qui avaient tenu la dragée haute aux Tontons Flankers, équipe dure au mal s’il en est.

Premier obstacle sur la route de la victoire : trouver une place dans cette banlieue de la Défense.
Une fois que chaque conducteur s’est acquitté de cette mission, nous sommes surpris de voir que nos adversaires sont déjà en tenue, près à s’échauffer et à en découdre dans un stade en pleine réfection mais très impressionnant pour qui est habitué au charme bucolique et caillouteux du Polygone de Vincennes. Une fois terminée la visite touristique de la ligne C du RER par La Mugne, lui, Greg, Tramber et les maillots arrivent afin que nous puissions nous aussi nous mettre en jambe. Après un échauffement ou la désignation des sauteurs en touche fut sujets à de longs palabres, le match pouvait commencer… avec d’autres sauteurs que ceux avec lesquels nous nous étions entrainés!

Avant le coup d’envoi, les Petits Pères, en l’honneur de ces nouveaux adversaires, firent un beau haka-ka magnifié par l’écho de ce grand stade vide en construction.
Vide ? Pas vraiment car outre nos remplaçants, les Vieilles Branches sont nombreux sur la touche pour acclamer leurs héros, avce la palette complète du supporter partial qui s’arme d’un mégaphone pour hurler l’amour de ses couleurs et son goût pour la bière fraiche.

Mais revenons au match : l’adversaire gagne le TOS (ils auront au moins gagné quelque chose comme nous l’enseignera la suite) et engage.
Là sur le coup d’envoi et sous l’oeil accusateur quoi qu’amusé de O’Bevan, je fais sur la réception une caguade qui aurait pu me valoir un tagaga-Tsoin-Tsoin dans un monde parallèle. Mais honnêtement, ce fut la seule fausse note sur la partition bien huilée jouée par les Petits Pères durant les 20 premières minutes. Cohésion devant, soutien présent, des sorties de balles propres, et des offensives lumineuses des lignes arrières, tout était en place pour du grand rugby. Et d’ailleurs, en moins de 5 minutes, Ben, affuté comme s’il avait brouté une athlète est-allemande toute la nuit, écrase rageusement la gonfle derrière la ligne d’en-but.

Décontenancé par notre entame si tranchante, les Vieilles branches se mettent à balbutier leur rugby : Devant où ils sont organisés, nous les controns sans trop de problème malgré quelques ballons perdus dans des regroupements.
Par contre, derrière ou ils ont manifestement des problèmes d’effectifs, sûrement a cause d’un réveillon au corned-beef Charal, nos trois-quarts s’en donnent à coeur-joie dans une démonstration de rugby offensif, avec en point d’orgue une défense aggressive qui sème la cacophonie chez les arrières adverses.
Sur un placage de Ximun que n’aurait pas renié une vachette de son pays, l’adversaire échappe le ballon et nous plantons une seconde banderille.
J’avoue ne pas me souvenir exactement de l’ordre exact des marqueurs d’essais mais nous menons 4 essais à zéros après environ 25 minutes.
Ce moment coïncide logiquement avec une baisse d’engagement de notre part, moins de soutien et plus d’action individuelle. Mais comme parallèlement les Vieilles Branches lâchent psychologiquement, cela n’arrête pas l’hémoragie de points dans une rencontre moins intense.
Eux qui plaquaient jusqu’alors aux coudes plaquent désormais aux cheveux et il n’en faut pas plus pour que Tramber fasse parler ses jambes de vélociraptor transgénique pour alourdir le score sur des actions amorcées sur des réceptions de coup d’envoi, et ce deux fois consécutivement.

A ce moment là, ça fait bien dix minutes que l’on n’entend plus le mégaphone que le supporter gouailleux à du se mettre en suppositoire pour ne pas paraître trop honteux. Mal lui en a pris d’ailleurs car les avants des Vieilles Branches ont eu un sursaut d’orgueil pour marquer… un essai d’avant sur une pénalité à 5 mètres jouée sans finesse mais efficacement, ce qui montrait que cette équipe aurait pu être plus dangereuse dans un scénario moins défavorable pour eux.

D’ailleurs, en seconde mi-temps, ce fut une tout autre histoire.
Alors que Greg quitte le sifflet pour reprendre sa place au talon, les Vieilles Branches mettent leur orgueil et leur honneur dans leur crampons et plus dans leur chaussettes. La mi-temps est tendue, le combat ardu et équilibré.
Les Vieilles Branches resserrent le jeu, ouvrent moins pour garder la balle devant, là où ils semblent plus à l’aise.

Néanmoins, même si devant, nous sommes bien tenu, subissant même parfois quelques reculs, nous sommes globalement plus présents sur le terrain avec une troisième ligne plus mobile qui vient épauler des trois-quarts déjà dominateurs. Et c’est par deux belles courses en bout de ligne de Franck, lequel rentabilise son temps de jeu annuel, que le score enfle encore.
Et ça aurait pu être pire sans la bonté d’âme de Rony qui, lancé à « pleine vitesse » vers l’en-but adverse s’arrête à trois mètres de la ligne pour attendre poliment son adversaire direct et tenter de le raffuter à l’arrêt, snobant magnifiquement Vanou qui arrivait à « vraie pleine vitesse » juste derrière lui. Pauvre Vanou, lui qui venait d’arriver et n’était rentré que pour les 15 dernière minutes, il aurait bien aimé le toucher, ce ballon…

En fin de compte, le match s’est terminé dans la bonne humeur après un dixième essai maqué par je ne sais plus qui mais qui avait d’original dans sa construction d’être consécutif à deux passes de deuxièmes lignes!
Enfin, en 2007, une année ou Sarkozy cite Jean Jaurès, tout peut arriver, même des belles passes utiles de secondes lignes…

Une fois récurés de près sauf pour Olivier qui aime bien garder un peu de terre en souvenir dans ses oreilles (d’ou l’expression « les portugaises ensablées »), direction le club-house flambant neuf de l’autre côté du terrain. Pour les infos pratiques : Le pichet de bière est à 6 euros.
Valable, non? De façon générale, la soirée fut très sympa car l’adversaire sait recevoir. Un apéritif à rallonge, ce d’autant plus qu’avec 14°C à 23h dehors un 19 janvier, ça pousse à rester à l’air libre.
Mais finalement, après la cérémonie locale du Tagada-Tsoin-tsoin remis au dénommé Vince malgré toutes les tentatives de ses coéquipiers pour s’accaparer leur trophée, les tables surgissent, les chaises s’agglutinent face aux assiettes et un bon repas de troisième mi-temps peut commencer, parallèlement à un échange de chansons à texte ou à gestes.
Impression fugace : Il semble que l’adversaire a deux équipes : l’une pour jouer, l’autre pour chanter!
Bref, de biens bons moments, entre une paella succulente et des blagues bien grasses, comme nos embonpoints rebondis, certains par overdose de foie gras, d’autres par abus de cunnilingus sur des diabétiques.

Pendant le fromage puis les tartes, on disserte sur les Théories de Rony puis finalement, pour sceller l’amitié naissante entre les deux équipes, faute d’échanger les fanions, on échange les chattes.

Peu après ces beaux moments de communion avec le règne animal, alors que les deux heures se sont fait entendre depuis une dizaine de minutes, c’est le départ général des Petits Pères qui, obligés de re-traverser le terrain pour rejoindre la sortie, ne peuvent s’empêcher de rejouer l’action de Rony vue sous différents angles. Chapeau l’artiste.

Et merci les Vieilles branches pour cette belle réception.
Vendredi prochain, moins de nouveauté avec une confrontation contre nos plus assidus challengers, les Old Blagues.

N°5

PS :Pour les marqueurs d’essais:
– Ben : 3
– Mugne : 2
– Franck (Br): 2
– O’bevan : 1
– Olivier : 1
– Raph : 1