Samedi 17 février au matin, même si ce n’était écrit ni dans l’Equipe ni dans Rugby Hebdo, il y avait match entre les Petits Pères et le XV des mercenaires de Clamart.

Pour moi, la journée commence quand je ferme la porte de chez moi, mon sac de sport sur l’épaule, tandis que Laure-Anne s’installe sur le canapé pour voir une rediffusion de « Brockeback Montain »… Il était temps que je me casse.
Quelques instants plus tard, sur la nationale 306 entre Montrouge et Chatillon, nous regardons tous ensemble l’écran lumineux de l’ordinateur de bord de ma Clio-mobile rouge de feu qui indique 10h10, température 10°C, liste du CD lu, Track 10. La Mugne, fébrile, sursaute et s’écrit « c’est mon numéro, c’est ma journée ! » … Deux kilomètres plus loin, alors qu’un silence s’installait dans l’habitacle rempli d’un tiers d’équipe, La mugne, winner dans l’âme, s’exclame : « Eh les gars, vous n’avez pas l’impression d ‘aller à l’abattoir ? ».. La Mugne, ta gueule !!!!!

Lecture accélérée, on se retrouve aux environ de 11h sur le terrain, La Mugne tient le ballon dans ses mains pour effectuer le coup d’envoi. Méticuleusement, il sacrifie à son rituel, fait rebondir la balle une fois sur le sol, recule en se décalant sur la gauche et prend son élan pour botter… Objectivement, , cette phase d’engagment est le seul moment ou a contrôlé le ballon sur le premier quart d’heure du match ! Et le temps de se remettre dans le bon sens, de se resserrer devant, de surveiller les surnombres derrière, nous avions déjà pris deux suppositoires sur de beaux enchainements de leur part ou la rapidité d’exécution devant et l’habileté de leur charnière leur a permis de sortir de beaux ballons d’attaque pour leur ligne arrière toute en jeunesse et célérité. A ce moment, certain chez nous se sont demandé combien on allait en prendre dans la musette, nous n’en menions pas large. Mais quelques paroles bien senties de nos tauliers (Rico, Tramber, et les autres) qui montrèrent l’exemple, la volonté farouche de tous de ne pas sombrer comme une vieille branche courbevoise et l’application de O’Bevan a recadrer le jeu là ou nous pourrions être supérieur nous a permis de sortir la tête de l’eau. Mais sans les palmes et il a dons fallu ramer sévère et se faire violence pour d’abord défendre plus éfficacement puis commencer à avancer plus régulièrement sous la puissance retrouvé d’un pack enfin uni, soit autour de Rico ou Fred soit derrière les charges salvatrices d’un Tramber plus en jambes que jamais. Nous redevenions conquérant, s’appuyant sur un 5 de devant dépassant largement la demi-tonne à la pesée plus une troisième ligne très présente au ras et fûmes récompensés par deux essais d’avant, obtenus à l’energie (franchement, je n’ai aucune idée des marqueurs chez nous mais il me semble que la première ligne marque 4/5 de nos essais). Cependant, ne croyez pas pour autant que c’était devenu une promenade de santé : L’adversaire, en plus d’être mobile avait aussi de la jugeotte s’évertuait à écarteler notre équipe en nous baladant par de long coups de pieds dont la conséquence était des lignes distendues, un pack parfois loin de l’action et des intervalles qui se créaient. Notre défense a bien tenu le coup, sauvant habilement quelques situations en infériorité numérique mais sur une passe trop longue, un adversaire intercalé interceptait et nous plantait une troisième banderille dans le cul. Aïe ! celle-ci fait mal au mental 5 minutes avant la mi-temps alors que nous recherchons en majorité le second souffle. Il s’en suit une période de tension ou sur une action confuse La Mugne et Rony (tiens, comme c’est bizarre…) se chauffent gentillement avec l’adversaire mais sur les derniers temps de jeu, on se remet dans le bon chemin, attelé derrière Fred qui tel un percheron de concours emmène tout son pack écraser la gonfle derrière la ligne adverse pour une égalisation au courage.

La mi-temps arrive au bon moment pour les Petits Pères mais peut-être aussi pour les Mercenaires dont les avants ont du être éprouvés par ces farouches combats au près. Cependant, le repos est de courte durée et le match reprend sans temps mort. Rapidement, nous avons compris la tactique adverse : Manifestement, ils avaient réglé la mire sur notre arrière StefJack, qui s’est retrouvé pilonné d’une bonne vingtaine de coups de pied avec montée rageuse de la ligne adverse. Il fit front, avec abnégation, opiniatreté… et un certain entêtement, peut-être, à ne pas vouloir trop taper au pied pour se retrouver dans l’étau des petits bras musclés des coureuses d’en face. Heureusement, la solidarité faisait qu’il y avait toujours un ailier, un demi, voire un avant mal placé pour venir l’épauler et sauver quelques situations chaudes. Au total, les mercenaires ont bien eu 3 ou 4 situations très favorables qu’ils n’ont pas concrétisées, mais reprirent tout de même l’avantage sur un exploit individuel de leur 10 qui échappe à 4 ou 5 placages sur 40 mètres avant de nous ré-enfoncer le bouchon.
Pourtant, malgré ces situations défavorables, les Petits Pères sont toujours présents et jouent même de mieux en mieux. En mêlée ouverte les mercenaires nous font reculer sur des cocottes habilement désaxées tandis que nous réussissons pour notre part à les enfoncer plein axe sur deux regroupements. Ravageurs et rugissants au-près, nous miltiplions les temps de jeu pour remonter inlassablement les ballons inexorablement bottés par l’adversaire. Sur un magnifique mouvement initié devant puis conclu par Saïmon en bout de ligne, nous remontons le ballon derrière la ligne mais l’arbitre estime (à tort ) qu’il n’est pas aplati. Peu importe, le Pack meurt mais ne se rend pas !!! Les gros vont chercher leur ultime souffle, leurs ultimes forces au fond d’eux mêmes et se remettent à charger avec la rage de sangliers blessés. L’adversaire a raté la mise mise à mort, c’est nous qui sonnons désormais l’hallali alors que l’arbitre annonce 5 minutes à jouer. Nous sommes dans leur 22, les percussions s’enchainent , les jambes de Fred et Rico sont comme des Chênes centenaires mais l’adversaire est un roseau solide, qui plie mais ne rompt point….mais à force de plier il se retrouve la tête à l’envers dans sa vase nauséabonde tandis que des mains lie-de-vin et vert bouteille aplatissent enfin pour égaliser à nouveau. Ouf….

Voilà, il reste moins de deux minutes à jouer. On semble se satisfaire de ce score de parité et on joue la dernière mêlée, à leur avantage. Le demi adverse introduit, récupère le ballon derrière son 8 tandis que son ailier, pour la trentième fois du match part en courant pour récupérer la trentième chandelle… sauf que sur ce coup-là, le demi mercenaire fait une passe qui atterri comme une offrande dans les mains bénies de O’Bevan monté en pointe, lequel ne se pose pas de question, court droit et fixe l’arrière en passant à la Mugne qui aplatit l’essai vainqueur !

Game Over !!! Putain ce qu’on est heureux !!! Les Mercenaires semblent dépités et on le serait à moins mais ils font contre mauvaise fortune bon coeur et savent perdre avec fair-play, très belle équipe !
Ensuite, on a bu des bières, certains ont mangé sur place dans leur troquet et le week-end a repris son cours, identique pour 6 milliards d’humains mais avec des petites étoiles dans les yeux pour 19 Petits Pères ravis.

N°5.

L’équipe :
1ère :Fred – Rico – Rony / Sylvain – Antoine / Raph – Tramber – N’Alex / O’Bevan – Mugne / Ben – Nico / Lomu – vanou / StefJack
1ère :Fred – Rico – Deski / Sylvain – Olivier / Raph – Tramber – N’Alex / O’Bevan – Mugne / Ben – Nico / Manu – Saïmon / StefJack