No comment ! Désolé Jérôme j’applique au rugby ce qu’on peut appliquer à certains autres trucs de la vie : « moins on en fait plus on devrait fermer sa gueule ! », du coup impossible de faire le compte-rendu d’un match que je n’ai pas joué (attention avec une vraie excuse valable de l’académie de médecine !). Je ne dirai que deux choses sur ce match :

  1. l’arbitrage de la touche côté tribune a été d’une qualité, d’une précision, d’une impartialité et d’une fluidité d’anthologie.
  2. amis PP (et c’est là l’essentiel) vous nous avez offert un sacré morceau de rugby bien plaisant à voir.

Pour le reste « no comment ! » :

No comment ! sur l’angoisse s’affichant sans vergogne sur le front plissé des joueurs pensant au fond d’eux-même que les pompiers de Paris, militaires payés par nos impôts, devraient être là pour « sauver ou périr » et non pas « massacrer et sourire », sur un terrain de rugby s’entend…

No comment ! sur la tronche des mauvais jours de Mugne, celle qu’il a quand son verre est vide, celle qu’il arbore quand à l’aube blême dans les frimas d’un début d’après-midi d’hiver ensoleillé il se tord en interrogation métaphysique non pas sur l’indigestibilité du grain de maïs mais sur le sens de la vie. Pourquoi avoir laissé tomber le football?
Pourquoi s’être laissé entraîner par ses mauvaise fréquentations ? Pourquoi avoir rejoint une équipe de rugby?
Pour un verre de l’amitié de trop ! Un pari stupide !
La certitude d’acquérir un jour un mental de talonneur !

No comment, sur les ravages du scoop rapporté par Nicold : les Pimpons avaient mis la tôle de l’année aux Old Blagues, la moitié des joueurs étaient à Beaujon, l’autre en fuite à l’étranger, le stade de Clichy ravagé par un incendie n’était plus que cendres et désolation.

No comment ! sur l’odeur de la pétoche qui avait remplacé celle du Saint-Nectaire dans le vestiaire des PP.

No comment ! sur ces faces livides entrées sur le pré en contournant le
panneau « terrain fermé pelouse au repos », sur ces corps inquiets qui ont mécaniquement enchaîné les gestes habituels de l’échauffement, sur ces oreilles aux aguets des moindres sirènes hurlantes qui ont écouté les dernières recommandations de ceux qui pouvaient encore parler. No comment !

Et puis la magie du rugby s’est accomplie. Au sifflet, tels La belle au
bois dormant se faisant rouler un palot, les PP se sont réveillés. Contents d’être là, avec les autres beatniks en short, se disant que « c’est un beau jour pour mourir », et que les Pimpons, avec leur coupe réglementaire, leurs 4h de sport par jour, leurs camions rouges et le prestige de l’uniforme, n’étaient finalement que de simples mortels à qui il allait falloir offrir du beau jeu, si on ne voulait pas se prendre une belle trempe.

Pas de commentaire sur ce match car de la touche on ne sent pas la joie du choc des premières lignes, le frisson des départs au ras, le choc des plaquages devant et sur les lignes arrières, qui opposent une défense féroce à de bon gros gabarits véloces.

De la touche, on ne sent pas tout ça alors on imagine que le boulot des entraînements paye : la construction des mauls et des rucks, le soutien et les déblayages, les montées en ligne, bien à plat ou en profondeur selon le cas, le replacement défensif en trottinant (au lieu de traîner comme des larves sur le gazon humide)… enfin tout ce qui fait des PP une équipe de Rugby folklorique aux qualités exceptionnelles, redoutée bien au delà de la zone 8 de la RATP !

De la touche on imagine tout ça mais c’est le genre de conneries qu’on peut aussi très bien inventer, car vu de de la touche et quand on sait que la consigne était « ne prenons pas de risque, ne faisons pas de passes », on peut dire que les PP ont fait de leur mieux, en rangs serrés, solidaires comme ils savent le faire à un comptoir.

D’ailleurs à force de faire de leur mieux, les PP marquent les premiers,
après une occupation territoriale appuyée, pénalité ! Petite Porte, Tramb échoue à 58cm de la ligne, un regroupement se forme et Jérôme profite que les Pimpons sont en train de creuser le sol pour y enterrer notre 8, pour aller leur en planter 5 (des points) ! Un essai quoi !
Le rythme du match est donné et la bataille bien engagée. On est à la
moitié de la première mi-temps et la réponse des Pimpons ne tarde pas. Ils envahissent le terrain des PP, s’approchent dangereusement et finissent par trouer la défense des PP avec leur premier centre qui aplatit le premier essai Pimpons ! 5-5 !

Dans cette première mi-temps, les Pimpons on raté au moins une belle
occasion de marquer, sauvée in-extremis par le N°7 PP, dit Le Dam pour les dames, qui nous a ainsi montré qu’il court aussi vite qu’il dit des conneries.
Les PP ont raté au moins un essai en or, où Greg nous a prouvé que les stages intensifs de Théâtre auxquels le soumet sa dulcinée commencent à payer.
Cela dit simuler une triple fracture de la cheville pour se faire
pardonner de ne pas avoir passer le ballon à un partenaire sans vis à vis et de s’être fait allumer à 38cm de la ligne, ce n’est pas joli, joli…
Greg pourra toujours rétorquer qu’il a respecté la consigne : Pas de passes ! Et les PP de penser : D’toute façon, y sait pas les faire !

Du coup la mi-temps se siffle sur un score neutre, un partout. Quel suspens !

La seconde mi-temps démarre à l’identique, le niveau technique
iiiiinnnoouuiii atteint par les PP et leur cohésion, compensent leur
condition physique déficiente de pré-quadragénaires phtisiques (malgré des traitements par fumigation aux herbes).

Les Pimpons en veulent, les PP aussi et la tension devient insoutenable pour les spectateurs comme pour les joueurs. Le score s’aggrave : les Pimpons marquent, puis les PP. 10 à 10 ! Encore les PP, puis les Pimpons, 15 à 15…

Le niveau de jeu n’a pas baissé, et les esprits se sont échauffés. Bernard dans les tribunes est placé sous oxygène, Roméo à ses côtés avale ses béquilles… Sur le terrain pour éviter l’accident bête, Karim injecte des sédatifs à Jérôme, avant d’aller dispenser « des soins » ailleurs.
En effet les rugbymen étant de grands enfants, et des enfants présents aux bord du terrain, c’est à mots couverts et pudiques que j’évoque une rapide échauffourée qui conduit à l’exclusion temporaire du 11 des Pimpons, et de El Che Guerillero le 15 des PP (oui encore lui !) et qui pour une fois n’y était absolument pour presque rien. Parole d’arbitre de touche.

Avec tout ça le temps tourne et les Pimpons revenus dans les 22 des PP, viennent écraser le ballon derrière la ligne.
Un très beau gigoté-faufilé du 10 adverse et une très belle faute de défense des PP.
Bing 20 à 15 pour les Pimpons à quelques minutes de la fin, ça sent le sapin comme on dit dans les forêts des Vosges, ça sent le brulé comme on dit dans les casernes de pyromanes. Et pourtant…

Les PP s’acharnent, reviennent occuper le terrain des Pimpons,
s’approchent, font des fautes, s’approchent encore, font encore des fautes, il reste 30 secondes, les PP sont ballons en main et, bravant les consignes, se font des passes, si, si, plusieurs de suite, et débordent sur la droite pour une dernière passe et pour offrir à Ben, officiellement rétabli ce jour, un magnifique essai placé dans le coin à l’ultime seconde du jeu !!! Exultation chez les PP ! légère déception chez les Pimpons…

Et finalement un très beau match nul que je ne vous raconterai pas…
Non… quand on joue pas, on ferme sa gueule !

Boubou

Match nul 4-4 —— Évolution du score :
1-0 / 1-1 (mi-temps) 1-2 / 2-2 / 3-2 / 3-3 / 3-4 / 4-4 —– Marqueurs : BoysBand, Ben, Sbat(2)