Les PP aiment le rugby monsieur le juge, et notamment le rugby folklo avec son petit côté vintage qui échappe à la marchandisation qui règne du côté des vendus de la Fédération et son air de rugby village, à l’ancienne, où on allait dérouiller « ceux du clocher d’à côté » réglant du même coup la question sportive et un certain nombre d’affaires de famille, de champs mal tracés, de sources captées et d’âne boiteux vendu par un grand oncle à un cousin qui avait mal parlé à ma sœur lors du dernier bal du village à la félibre… Alors nous plaidons coupables, nous n’aimons pas les matchs qui dégénèrent mais nous n’aimons pas nous laisser marcher sur les pieds.

Pas de circonstances atténuantes à chercher côté météo : le soleil printanier décide de venir jeter un œil sur le terrain, pour constater que la pluie a bien fait son boulot, il reste assez de brins d’herbe sur le terrain d’honneur (sic) de Pershing pour camoufler des dizaines de cailloux, de silex et même des bouts de verre et de trous. Beau temps donc et terrain bien « râpeux », propice aux irritations cutanées et manifestement de caractère.

Est-ce la présence de silice dans le sol qui fait que très vite le match se tend ? Phénomène géo-psychologique peu connu ? Non. Nous jouons ce jour le RCP. P pour « Palais de justice » et rapidement les actions plutôt disputées dans les regroupements sont l’objet de plaidoyers vibrant en faveur du règlement auprès de l’arbitre de la part des joueurs du RCP. Ça cause, ça discute, ça commente, ça influe sur l’arbitre (ou pas), toujours est-il que ça ne correspond pas à nos consignes à nous (on la ferme les PP) et que ça agace. Et voilà que les avocats marquent les premiers ! Dans quelle circonstance ? Les témoignages à ce sujet sont attendus au bureau de l’instruction !

Bien que vraiment agacé côté PP, on fait un effort de rester dans le match et de ne pas répondre à la tchatche permanente, « silence dans le prétoire ! », pas facile pour certains d’entre nous, pas de nom, pas de nom… Et on repart aussi sec leur en planter un. Bing. On est dans leur 22, mêlée ouverte légèrement à gauche des poteaux, tout notre effectif non vautré informément dans le regroupement est à droite prêt à se ruer quand le Grand Vizir Boubouche décide de balancer à gauche sur Yoann seul face à 4 adversaires… Il faudra que Boubouche nous réexplique son choix tactique autour d’un verre ou deux, toujours est-il que Yoann ne se défile pas et réalise un bel exploit à base de crochets et roulés-boulés qui aboutissent dans l’en-but !

Un partout et le match reprend dans une ambiance délétère. Nemo censetur legem ignorare ! Les aimables latinistes des PP expliqueront aux aimables analphabètes des PP ce que signifie cette maxime qui fait que sur le terrain il y a comme qui dirait une dizaine d’arbitres qui explique la loi à l’arbitre officiel pendant que le ton monte et que les actes de sauvagerie sournoise se multiplient dans et autour des mêlées. En un mot ça dégénère. On convoque les capitaines pour sanctionner les égarements… « Ah en plus vous êtes capitaine ? » (pas de nom pas de nom…) Et « préventionner » de futurs égarements… Mais rien n’y fait le match est sur la pente glissante de la récidive et les menaces de l’arbitre d’évacuer la salle, pardon le terrain, n’y changent que dalle…

Entre temps les débardots nous plantent un second essai… selon leur marqueur « dans ton cul » à Manouel Clooney (pas de nom pas de nom !) et donc dans notre cul à tous par solidarité t’inquiète pas Manouel… Amenant le score à 10 à 5 en faveur du RCP. Grâce à un effort surhumain et au stage de méditation yogique et de maîtrise de soi prodigué par un ami médecin absent ce jour mais qui aurait adoré ce match, notre ami Manouel ne va pas écraser son poing sur le nez du susnommé marqueur, mais consent à reprendre sa place. Cet acte inoui, pas la retenue de notre Manouel, mais la grossièreté du marqueur du RCP symbolise en fait un tournant de ce match : un sport de voyou joué par des gentlemen exclut toute forme de grossièreté ! Et si selon le mot de Cicéron, Cedant arma togae… les armes doivent céder à la toge, et donc la force brutale à la tchatche alors oui les PP allait contredire Cicéron et faire taire les avocats… à coup de rugby.

La fin du match comme le reste du match reste confuse mais les PP se reconcentrent sur le jeu et se ressoudent. Ne nous faisons pas plus beaux que nous sommes, on y met de la hargne à tous les niveaux, mais le rugby a cela d’amusant qu’on peut s’y défouler même en suivant à peu près le réglement, et je dis bien à peu près. Alors les comptes se règlent sans trop en ajouter et les PP reviennent au score puis aplatissent un troisième et dernier essai. Le RCP essaie de se ressaisir mais rien n’y fait et le match se termine sur le score de 15 points à 10 pour les PP et… une dernière échauffourée dans une haie d’honneur qui en terme d’honneur en avait autant que le terrain.

Pour ne pas rester sur une note négative, les deux équipes conviennent d’aller boire un coup au bar… fermé depuis à cause de la bagarre générale. Que le RCP sache que la tonalité du match n’a pas plu aux PP… si on rejoue faudra faire mieux… ensemble.

Et désolé pour la confusion de l’exposé mais l’âpreté du combat faisant parfois perdre le sens du combat lui-même, le fil du match et ses dimensions rugbystiques ont été quelque peu éclipsés. Excuses aussi vis à vis d’un éventuel lecteur égaré du RCP pour le parti-pris. Et pour finir…

Deux annonces importantes :

1) sur ce match, notre président lui-même en personne a doublement fracturé son propre tibia-peroné en fin de première mi-temps, ce qui est complètement idiot de sa part… les PP sont à la recherche d’une chaise à porteur pour l’emmener à Nantes.

2) le grand vizir Boubouche a poussé une gueulante à la mi-temps… les PP sont inquiets ils sont à la recherche de ses petites pilules…