Les Pompiers vous connaissez ? Coupes courtes, uniformes seyants, morphotype athlétique, ils organisent un bal au 14 juillet et vendent des calendriers au mois de décembre. Entre ces deux dates, ils se promènent dans un petit camion rouge et interviennent pour dépercher les ballons coincés dans les arbres, ramasser les troisième-mi-tempstistes avinés sur les trottoirs, et sauver des flammes les rugbymen coincés dans leurs appartements, qui dans une ambiance festive et gastronomique, trop occupés à vociférer contre l’arbitre anglais qui étrille l’équipe de France dans un match de coupe du monde, n’ont pas entendu que l’immeuble était en train de brûler. Bref des gars utiles…

Cependant en ce magnifique dernier jour d’été ou premier jour d’automne, ce n’est pas pour nous être utile que le petit camion rouge est venu au stade de la Grenouillère, mais pour nous rouler dessus, ce qui n’est pas bien question code de la route (même pour un véhicule prioritaire) mais tout à fait louable d’un point de vue rugbystique, car il faut bien que le meilleur gagne.

On pourrait dire qu’il faisait trop chaud et que les Pimpons étant ignifugés, ils ont moins souffert de la chaleur que les PP qui marchaient sur leur langues gonflés et pendantes… On pourrait aussi décider de crucifier à l’entrée de l’Entrepotes, le ou les camarades PP qui ont trouvé judicieux de nous faire jouer en match de reprise des gars qui font du sport 4 heures par jour. On pourrait dire ou faire cela mais ce serait un tantinet faux-derche et faire peu d’honneur à nos adversaires qui nous ont offert un beau match ce samedi.

La première mi-temps a été relativement équilibrée, les Pimpons sont plus présents, plus rapides, dominateurs sur l’occupation du terrain, mais les PP font face vaillamment. Logiquement les Pimpons marquent les premiers, mais les PP ripostent et les essais se succèdent pour finir la mi-temps à 3 essais à 2 en faveur des Pimpons. On est loin d’être battus sur le papier mais la réalité est moins brillante… Les PP rament, on peine à construire du jeu devant et à conserver le ballon au chaud, on a du mal à se trouver au large, les plaquages ne sont pas toujours assez percutants, bref il y a de bonnes choses, mais on s’épuise à compenser nos défauts en cavalant derrière des Pimpons bien en canne.

C’est sans doute ce manque de foncier qui explique l’écroulement de la deuxième mi-temps. Tant que les PP compensent en défendant ça passe, au moment où la fatigue et le doute s’installent, ça casse. Toutes les petites erreurs, les fautes de passes, les ballons égarés, les plaquages ratés, sont exploités par des Pimpons tout feu tout flamme et les PP encaissent une série d’essais en contre (du genre énervants) !

Un essai du genre énervant c’est par exemple : un renvoi au 22 joué rapidement où les Pimpons traversent le terrain et vont aplatir sans avoir quasiment été inquiétés. Ou encore, on égare un ballon alors qu’on attaque, les Pimpons le ramassent et courent le poser délicatement derrière notre ligne. C’est le moment où on se dit « Mais où sont notre soutien offensif et notre rideau défensif ? »… « Ben ils sont au bar en train de se rafraîchir ???!!! » … Non, non, ils juste par terre en train de se relever, où là-bas un peu plus loin complètement cramés. Bref ça énerve parce que c’est des essais cons et ça énerve parce qu’on se dit qu’on n’a pas été à la hauteur (et c’est un « on » collectif !).

Bref on se replace, remise en jeu et on reprend la partie et, point positif tout de même, les PP jouent le match jusqu’au bout, malgré un score qui devient sans appel. Preuve et récompense de cette abnégation, les PP marquent le dernier essai de la partie réduisant, si on peut dire, le score à 10 (ou 11) essais à 3. Une bonne tôle de rentrée qui nous donne une bonne marge de progression pour les prochains matchs.

Maintenant si vous voyez un camion rouge dans les rues de Paris tirez vous ils risquent de vous rouler dessus.
A la revoyure les Pimpons !