« Une goutte froide ou goutte d’air froid désigne en météorologie un volume limité d’air froid » c’est apparemment ce phénomène qui transforma ce qui devait être une partie de plaisir entre copains sous le soleil de juin en un tournoi de rugby à l’apparence de se tenir aux alentours à la fin octobre en terre normande. En effet, que le réveil fut éprouvant en ce dimanche matin quand je perçue depuis mon confortable plumard le son de la pluie qui tombait dehors. J’avais quitté la fête et au passage ma jolie promise la veille, assez tôt pour profiter d’une nuit réparatrice d’avant match pour ca?! Cette putain de pluie qui ne s’arrête pas depuis genre… 1000 ans à peu près. Qu’à c’la n’tienne, je sors de mon lit, roulant sur le sol tel une perle sortant de son coquillage pour rejoindre notre capitaine, Eliot et Scala au départ de Gambetta pour une petite virée oklm sur gif sur yvette histoire d’y casser du golgote afin de remporter le fameux trophée de la godasse d’or tant convoité!

Dans la voiture, Eliott fait des blagues, Scala fait des blagues, Théo fait des blagues, moi, j’ai la dalle du siècle, je rêve d’un jambon beurre bien dodu style Corrèze 1960 tu vois? À l’arrivée nous découvrons une petite bourgade sympathique, peu agitée, en même temps vu l’heure.. il y a un café qui ne fait pas de café à emporter puis c’est derrière la mairie que nous trouvons les terrains de rugby.

Sur le chemin des vestiaires, un bâtiment fièrement dressé au milieu des arbres, nous croisâmes la route de Derrick qui tenait à bout de bras un drôle de carton estampillé « herman sptizle » ou quelque chose du genre. Message que je ne pu décrypter puisque ces caractères quelques peu gothiques étaient écrits dans la langue de l’ennemi. J’espère d’ailleurs que c’est sur un cadavre de boche que Derrick récupéra le bazar et que c’est en trophée morbide qu’il ramena le paquet chez nous autrement ça soulève quelques questions d’éthique.. mais enfin. Arrivé au bâtiment sus mentionné style Corrèze 1960 tu vois? Nous rencontrons notre hôte, hyper sympa et derrière lui nos trois quarts qui dorment comme des punk à chien sur les gradins en béton la gueule dans leur sac de sport. Tonton se demandera plus tard à raison si ce comportement est génétique chez les gazelles. Le tableau est toujours saisissant chez les PP, des vieux, toniques et debout face à une jeunesse décadente qui passe sa vie allongée par terre quand elle n’est pas en train d’enchainer des litres de bibine bon marché.

Ca arrive au compte goutte (sans mauvais jeu de mot puisque tombe toujours cette putain de pluie) et bientôt nous sommes dans notre vestiaire au complet. Quelques mercenaires – et pas des moindres – sont venus renforcer les rangs. Scala a ramené deux gars, une sorte de bucheron à moustache et un motard en transalp (un de plus!) avec des cuisseaux de type Corrèze 1960 tu vois? Côté boubou, il a ramené la progéniture pour remettre un peu de tempo dans le jeu, ce bon vieux sam pour casser efficacement du golgote et un troisième jeune à qui je n’ai pas été présenté mais j’ai pu constater que le type se faufile comme bipbip sur un terrain (aux vues de son âge, il aura peut être pas la ref). S’est glissé dans le convoie de place d’Italie Edouard qui après avoir remis les crampons vient faire son premier match avec nous après seulement un entrainement, welcome.

L’ambiance dans les vestiaire est chaude et humide. Si elle avait été foireuse on aurait dit moite sauf que là c’était la chaleur et l’humidité de la gagne, la chaleur d’un corps expéditif en mission punitive, la chaleur d’un groupe soudé prêt à en découdre pour arracher la godasse d’or à ces salopards de … qui tenait le titre avant nous? Certainement des salopards. Une équipe ne formant qu’un seul et unique bloc de 19 garçons à short vert moulant leur petit derrière musclé et bombé, 19 hommes déconstruits vivant une amitié tendre mais virile pour qui l’important est de participer. Pas du tout!!! Je raye le disque, 19 bagnards assoiffés de sang qu’ont pas vu les dessous d’une jupe depuis 15 ans et qu’ont faim, qui n’attendent qu’une seule chose c’est d’être lâché sur le rectangle vert pour enfoncer de la barbak, imprimer des tronches dans la boue, crever des yeux, dévisser des genoux tout en respectant les décisions de l’arbitre bien sûr enfin ça, c’est ce que nous auraient gueulé Rom et poncho en guise de discours d’avant match s’il avaient été des nôtres. Bon et pour le côté humide.. bah il pleuvait quoi..

9:15 arrivée sur le terrain. Il y aura trois match de 25 minutes. On a plutôt de la chance avec le tirage au sort puisqu’on jouera le premier match, un deuxième après une heure de pause puis le dernier du tournois après 30 minutes de pause cette fois. Des temps de récupération essentiels que Scala saura mettre à profit pour nous faire pratiquer des exercices dont l’intensité n’a d’égal qu’une séance d’aquagym avec un beau maitre nageur sicilien déconstruit.

Premier match dans 15 minutes et on est dessus. Scala lance un échauffement, ça saoule la moche. On va jouer les Gugus. Visiblement on attaque avec les plus tanké du tournoi, les mecs sont plutôt rustiques bien qu’avec leur maillot ils ressemblent tous à maya l’abeille mais c’est cool de commencer avec les plus douloureux. Consigne du chef de meute « qui dit match court dit marquer vite » Coup d’envoi, on monte, ça cogne bien mais les ruck sont précis, aucune idée de qui y va mais on ouvre le score sur une action indiscutable. Ça énerve les abeilles, la pression monte d’un cran aussi bien qu’à un moment, je me retrouve seul face à deux bourdons qui foncent droit sur ma petite gueule de frelon, le premier me rentre droit dedans avec son pote qui pousse derrière, mon placage est raté je me retrouve la tête dans son bide et à l’impact j’entends l’intégralité de mes cervicales chanter la traviata et c’est après une bonne roulade en arrière que l’arbitre siffle, j’en profite pour me casser 5 minutes et me fait remplacer par Tristan, le motard aux cuisses de mammouth. Pendant que je suis au bord du terrain on encaisse un essai. Mais juste après la moche vient en planter un à son tour. Essai qui fera débat entre les capitaines et l’arbitre et qui se verra validé après que l’arbitre ait demandé à la moche s’il avait bien aplati le ballon. On peut faire confiance à la moche c’est un neutre, un homme du centre, de valeur et d’honneur, malgré cela, un joueur d’en face dira que nous avons manqué de fair play à la fin du match moi je dirais plutôt que c’est lui qui n’a pas d’organe! Premier match 2-1 pour les PP.

Pause bien mérité lors de laquelle nous dégustons quelques bonnes oranges et observons le jeu de nos prochains adversaires, les roc star. À vrai dire je laisse vite à Boubouch le soin de l’analyse et m’en va plutôt faire quelques bonnes blagues à nos supporter au nombre de deux, à savoir Camille et Evangelis qui sont confortablement installées dans des chaises de camping derrière notre banc, nan vraiment si ça avait été l’été on aurait été bien!!

30 minutes avant le prochain match Scala lance un échauffement, ça saoule la moche.

On joue les roc star, une équipe qui ressemble à la notre, du coup on va savoir la jouer et l’intensité sera moins élevé qu’au match précédent. Le sympathique arbitre du tournoi siffle le coup d’envoi et nous voilà reparti pour un tour. Je suis désolé mais j’avais la tête tout le temps dans la boue j’ai pas vu grand chose de ce qui s’est passé aux ailes ou proche de la ligne d’embut, je sais juste qu’on a joué propre, qu’on a mit 3 essais, qu’on s’en est pas prit et que mon père a ramené le soleil avec lui en arrivant vers la moitié du match. Je vous ai déjà dit qu’il a fait un stage d’été en équipe de France en 1975? Mon père, pas le soleil même si mon père, c’est le soleil. Ah je crois bien aussi que c’est sur ce match qu’Eliott s’est prit son traditionnel placage de l’enfer style Corrèze 1960 tu vois? il m’a semblé reconnaitre le bruit de ses os qui craquent et l’avoir vu quelques secondes au sol les pattes en l’air, moment dans lequel nous sommes toujours partagés entre l’inquiétude, la compassion et le désir de manger un poulet rôti.

Re-pause. match efficace mais pas reposant pour autant heureusement que maxou est sorti de son lit un dimanche matin uniquement pour nous encourager et faire le porteur d’eau, ingrédient nécessaire à la victoire! Boubouch prend la parole, « ce n’est pas parce que.. oh! Ferme la l’éducation nationale! .. » j’ai pas la suite du coup il m’a perdu. On reste chaud, Scala lance un échauffement, ça saoule la moche. Pourtant cet échauffement fût pertinent. En effet le bûcheron moustachu dont j’ai parlé plus tôt va nous faire mettre au point une combinaison de touche finement pensée. En gros pour qu’il puisse y avoir deux blocs de sauteur sur une touche à 5, on va placer un gros polyvalent qui peut aussi bien lever devant que derrière entre les deux sauteurs et ainsi créer le trouble chez l’adversaire. Habile comme dirait l’autre. Habile bien que sournois, et d’ailleurs de la sournoiserie il va en falloir pour affronter notre prochain adversaire puisqu’il s’avère être du pays du soleil levant!

Le prochain et dernier match va se faire contre une équipe particulière. Une équipe qui a beaucoup plus de cran que de rugby et ça c’est beau! Cette équipe est constituée quasiment dans son intégralité d’expatriés du Japon. Les voilà se tenant devant nous, fiers, prêts, casqués et dans leur maillot noir. Coup d’envoi, en quelques minutes nous inscrivons 3 essais. En allant me replacer à ma place de numéro 1 entre deux essais je me revois marcher au côté de Toto et lui dire « putain mec ça me fait de la peine » et je me souviens le voir fixant le sol avec un regard déterminé rétorquer « nan nan mec, après! » c’est donc ainsi que les Hommes se s’ont tant fait la guerre? Cette interaction fût interessante puisque pas longtemps après, les japonais ont sortis le ballon d’un ruck, captés un trou béant dans notre couloir de droite, et tapé une course de 40 mètres pour nous asséner d’un essai. J’étais pas loin j’ai tout bien vu et ce fût fait dans les règles de l’art et mérité, pensions nous la victoire acquise? Grosse erreur. Personne ne sait trop ce qu’il s’est passé, Sami dit qu’il aurait dû être là plutôt que d’avoir été là où je le voyait, c’est à dire au bord du ruck en train de renifler nos culs. C’est également pendant ce match que je reçu le pire placage de la matinée sur une relance lors de laquelle j’ai reçu le ballon recevant par la même la visite de trois amis asiatiques qui avaient l’air de vraiment vouloir me câliner si bien que j’en ai eu un au cou, l’autre au ventre et le troisième dans les jambes. Heureusement que mon corps est mou, sinon je serais mort à l’heure qu’il est. Sonné et quelque peu dans les étoiles après avoir vécu ce moment de tendresse, du fond du ruck je vît la lumière et les mains de Toto notre numéro 9 se munir du ballon que je lui tendais pour l’envoyer au large. C’est ainsi que nous relancions le match avec un essai bien étrange de Tristan – le motard aux cuisses d’acier – qui une fois dans l’embut s’est demandé s’il était bien sérieux d’aplatir. La concentration était elle en train de piquer du nez? Ce match fût également l’occasion de vivre une épopée fantastique avec Eliot que j’ai accompagné au pas de course jusqu’à ce qu’il aplatisse entre les poteaux, après une longue succession de zigzag et d’enjambage de joueurs au sol sur 30 bon mètres, bravo poto! Enfin, score final, 6 essais à 1. Nous serons la seule équipe de la matinée contre laquelle les japonais auront marqué mais nous gagnons le tournois!

Apres la traditionnelle photo des équipes entre les perches, nous nous fîmes une joie de rentrer au vestiaire où Derrick ouvrit son drôle de carton pour en sortir quelques régalantes, les allemands ne sont peut être pas des poètes mais on peut reconnaître que leurs bières sont fameuses. C’était son anniversaire apparemment à Derrick alors on a chanté, puis c’était plus son anniversaire j’ai pas tout compris mais en tout cas c’était un anniversaire très sympa auquel j’étais très content d’être convié bien que la fête fut exceptionnellement courte. Nous sommes aller nous doucher en discutant japan expo avant de nous délecter de quelques bières japonaises et de giozas avant de gouter au réjouissances locales composées à 100% de pur plaisir braisé. L’accueil des gars de gif fut tout à fait sympa et festif!

Quand vint l’heure des récompenses, bon nombre de PP s’étaient fait engloutir par les obligations dominicales mais quelques vaillants restés dont je faisais bien entendu parti. Après un bref discours de l’organisateur nous nous vîmes remettre le trophée de la godasse d’or que N’alex alla saisir de ses mains robustes avec son flegme légendaire à la Clint Eastwood style Corrèze 1960 tu vois? Puis les japonais prirent la parole pour annoncer qu’ils offraient une bouteille d’excellent sake à l’équipe hôte ET à l’équipe gagnante, pensaient ils peut être se l’offrir à eux même mais que nenni! N’alex ouvrit la bouteille, en versa un volume audacieux dans la godasse d’or et bu la lampée avec fierté et ce flegme qu’on lui connaît à la clint eastwood style Corrèze 1960 tu vois? Les PP restant, s’empressèrent d’emboiter le pas à cette figure de guide que représentait pour eux N’alex à cet instant et nous bûmes tous de cet excellent sake dans la godasse d’or.

Une fois de retour place Gambetta Scala lança la bonne idée de s’en jeter un petit dernier dans un ignoble pmu où nous discutâmes de rapidos, de courses hippique et d’une enseignante de maternelle à Aulnay sous bois qui tape les enfants. Enfin, nos chemins se séparèrent puis après un bon bain, je rejoignais ma jolie promise pour rattraper cette soirée, la veille, dont j’étais parti trop tôt. Style Corrèze 1960 tu vois?

Votre dévoué,
Joe Blaster

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