Les gars cette fois-ci on part dans l’Est, prenez vos passeports et des vêtements chauds… la destination est exotique, comme le nom d’une tranchée de la guerre de 14, même si la guerre a eu le bon goût de s’arrêter un peu plus haut sur la Marne. Potes au Congo ce n’est pas si loin pour la distance, mais ça sent la contrée perdue, le genre d’endroit où les Petits Pères sont prêts à se rendre comme à chaque fois en ordre dispersé en partant des quatre coins de Paris, avec un seul objectif être à l’heure sur le terrain pour les potes justement. Et on y arrive une fois de plus pour retrouver une bande de lascars dans la pénombre d’un parking qui jouxte ce qui ressemble à une tribune dans l’obscurité avec un peu plus loin des poteaux blancs qui s’élèvent comme un défi à la nuit qui s’installe. La journée printanière laisse place à une soirée glaciale, et l’hiver de dire « ne m’enterrez pas trop vite », alors on se réchauffe à coup de blagues sur les trois-quarts encore à la bourre (sauf P’tit’ Lu à qui j’ai fait GPS sans copine dans le coin faut pas exagérer vu le bled…) et on gagne le vestiaire en claquant des dents.

Finalement les blair… euh les trois-quart trouvent le chemin du stade et toute l’équipe enfile sa tenue et part à la recherche du pré. Nos espions nous avait annoncé un terrain pourri mais là franchement ils exagèrent à la mairie : un sac de gazon ça ne coûte pas si cher, surtout à la campagne. Parce que le moins qu’on puisse dire c’est que ça fait peine à voir un terrain qui ressemble au crâne d’un Bénédictin, avec un brin d’herbe apercevable tous les 50 cm en se penchant un peu, Tonio on a un client pour toi ! Si il n’y pas bezef de verdure sur le « terrain » il y a en revanche foule à l’autre extrémité de cette surface de terre aride : une manif d’écolos venus réclamer des semailles immédiates ??? Non point, ce sont nos adversaires qui sont venus à une bonne cinquantaine dont plus d’une trentaine de joueurs et nous attendent groupés pour se réchauffer.

Alors nous aussi on s’échauffe, en pestant sur ce qu’on a sous les pieds, tout en se réjouissant que la glaise qui fait office de terrain soit juste assez plastique pour que les crampons s’y enfoncent sans que ça colle ou que ce soit trop sec, comme quoi faut être positifs… Et on imagine déjà nos corps d’athlètes s’imprimant mollement dans cette surface au rythme des placages que l’on pressent vigoureux ce soir. En effet les « Barbares riants » dans la toponymie des équipes ça fait sauvagerie intégrale au même titre que Pontault-Combault de son vrai nom fait cacographie complète (à vos dicos les intellos) ! Cependant même si il n’y pas de quoi rire en voyant le terrain nous les Petits Pères on aime bien se marrer aussi alors de jouer les Barbares rigolards ce soir ça nous les remonte à bloc.

L’arbitre vient se présenter, un Riant qui n’a jamais arbitré, qui laisse le sifflet à qui veut, qui fera pour le mieux… généralement là ça inquiète et ça sent l’entourloupe, mais ce Barbare là à vrai dire et à l’usage fera un très bon arbitrage de cette partie de poilade, avec règle folklo et coup de pied uniquement dans les 22. Merci l’arbitre…

Les équipes sont en place et le ballon quitte la surface de la lune pour s’élever dans les clameurs de la foule : oui c’est le coup d’envoi ! Les Barbares prennent le contrôle du ballon et le match débute sur un rythme soutenu. Les PP contrairement à la semaine dernière sont tout de suite dedans et contrent la vigoureuse entrée en matière des Barbares. L’impact est rude et nous sommes sur le reculoir, disons le on passe un sale quart d’heure et malgré une défense vaillante les Barbares ouvrent logiquement la marque d’un match dans lequel on n’a pas fini de se bidonner. Un essai à zéro, une bonne envie d’en découdre, même pas peur : on y retourne et cette fois ce sont les PP qui donnent le rythme. En effet la seconde partie de la première mi-temps permet aux PP de poser leur jeu avec de belles offensives, un pack bien présent qui fournit de bons ballons aux lignes arrières et leur permet de cavaler et de faire courir la défense adverse. Du coup le débat s’équilibre.

Du côté Barbares on contient l’offensive et comme qui dit « Barbares » dit « horde », et qui dit « horde » dit « nombre », on procède à de nombreux changement rajeunissant tout au long de la partie. Curieuse impression de ne pas voir deux fois les même têtes, alors dans l’ambiance rieuse des premières lignes on balance une petite vanne en entrée en mêlée : « Tiens y nous ont sortis les juniors ! » Protestation des piliers adverses : « On est séniors », « première année alors… », ceci dit la valeur n’attend pas le nombre des années qui elles même n’atteignent pas la valeur et l’étripage continue dans la bonne humeur entre valeureux de tous âges.

L’étripage a un coût et du côté PP, Lulu le poussin en a marre de marcher sur sa langue et rejoint le banc de touche, il faut dire que ça court beaucoup sur le terrain, quant au Kosteleff il essaie de battre le record de Disjonction Acromio Claviculaire sur un plaquage bien appuyé d’un bon gros Barbares nourri au grain, conséquence Knacky, prévu en seconde mi-temps, se retrouve dans la bataille et même si ce n’est pas son premier match ça ressemble tout de même à un chouette bizutage… au cœur de la Barbarie une saucisse s’éteint un guerrier s’éveille, c’est beau !

Dernière action signale l’arbitre, les PP ont une mêlée légèrement à droite des poteaux, son Altesse Boubouche introduit, les deux packs fournissent leur effort c’est à dire ne font rien et laissent les trois-quarts s’expliquer, sa Splendeur Boubouche ouvre à Mugne, qui balance à Benj qui trouve le trou et aplatit le premier essai PP. Mi-temps égalisation un essai partout. On biche…

Oranges, citrons, changement, remise en jeu. Le premier quart d’heure est au PP, qui occupent le terrain adverse et c’est sur un déployé d’école que P’tit Lu décide de rompre avec la tradition. Quelle est la tradition chez les PP ? Eh bien il est de tradition chez les PP, enfin chez les trois-quarts, de faire des en-avant dans les déployés d’école classique, c’est d’ailleurs pour ça que depuis quelques matchs les trois-quarts petits pères ne font plus de déployés classiques mais des combinaisons farfelues avec des sautés de 20 mètres qui donnent de bonnes excuses pour faire des en-avant. Mais là non et miracle, P’tit Lu jailli du fond de sa ligne de touche courant comme un dératé se saisit en dernière main du ballon, d’une passe au cordeau, et poursuit sa course folle jusqu’à l’embut adverse et inscrit le second essai PP. 2 à 1 ! Exultation dans les tribunes PP, Bernard fait danser Martine, Jéjé roule une pelle à Nicold !

Du côté Barbares on accuse le coup et on procède à quelques changements dans la continuité, car tant qu’à être Riants, pour l’être bien, il faut l’être en dernier. L’état de grâce des PP n’est pas terminé mais le match loin d’être joué est toujours aussi rugueux. Les PP occupent encore l’espace et vont rater trois belles occasions, face à une défense acharnée des Barbares qui font aussi de belles incursions dans nos 22 et nous font peur plus d’une fois.

Dans le désordre ? :
Occasion 1 : suite à un cacafouillage au centre du terrain Yo se retrouve ballon en main, il file en un magnifique travers hyperbolique et redresse sa courbe pour se faire cueillir par seulement trois défenseurs adverses à deux mètres de la ligne dans l’angle droit. « Putain il est où le soutien les gars ? », ben il arrive c’est Boys-Band juste 20 mètres derrière… Trop tard…

Occasion 2 : Où nos trois-quarts nous rappellent le sens du mot folklorique… Benj suivi de quelques amis se fait prendre par la patrouille à deux mètres de la ligne également et tente une passe lobée façon Harlem Globe Trotters, volleyée par ??? et reprise de la tête par ??? (Que les coupables se dénoncent eux-même !) pour finir dans les mains de nos adversaires. Bravo les artistes !

Occasion 3 : Sortie de mêlée ouverte, Mugne feinte la passe à l’intérieur à Tim et c’est lui qui prend l’intervalle vient fixer un défenseur et sert enfin Tim qui allonge la foulée, se rapproche de la ligne d’embut, se fait rattraper par un dernier défenseur et s’allonge de tout son long à moins d’un mètre de l’exploit. « J’avais bien dit qu’il ne fallait pas recruter de jeunes ! » s’exclame Greg solidaire intergénérationnel…

Tous ces ratés, même si ça fait du beau spectacle, ça n’arrange pas les affaires des PP car en se plaçant ainsi à l’offensive, on brûle beaucoup d’énergie et on s’expose aux contre de l’adversaire. En effet le Barbare Riant rit sous cape et attend son heure car il a une arme secrète, en plus de tenir le rythme intense du match. Depuis la deuxième mi-temps la ligne de trois-quarts des Barbares s’est bien consolidée et un 14 gavé de potion magique (on l’attend toujours pour le contrôle anti-dopage) inscrit à lui tout seul (quasiment) trois essais de contre dont les deux derniers dans les toutes dernières minutes, et hop sifflet final ! Pas très Riant ça non ?

Bon pas de quoi chialer non plus hein parce que franchement on s’est payé une bonne tranche de rugby ce soir là à Potes au Congo. Engagé et courtois. Le 4-2 est un peu sévère mais c’est la loi du sport et puis les Barbares ont été gentils, ils veulent nous rejouer, ils nous ont même payé des bières et nous ont laissé retourner dans la civilisation. On leur a aussi payé une tournée et à l’heure du départ il restait encore quelques Petits Pères qui rêvassaient dans les tribunes. Merci aux Barbares pour leur accueil. Et à bientôt les freaks.